Par Tatiana Vilela Dos Santos
Le 11/04/2025
Isochrone est une expérience de coordination et de synchronisation, à vivre seul ou à deux, à travers un dispositif alternatif minimaliste : une boîte équipée de quatre boutons — noir, blanc, noir cerclé de blanc, blanc cerclé de noir.
Sur l’écran, quatre formes géométriques s’emboîtent dans une composition mouvante. Sur le contour de chaque figure, un point suit une trajectoire cyclique. Chaque bouton est lié à l’un de ces points, et permet — selon sa position dans l’espace — d’accélérer ou de ralentir sa course.
Les formes les plus vastes peuvent être accélérées ; les plus petites, ralenties. Le joueur, ou les joueurs, doivent composer avec cette mécanique fine pour moduler le mouvement de chaque point.
Chaque fois qu’un point franchit une marque noire sur sa trajectoire, une note de la pièce Piano Phase de Steve Reich est déclenchée. Tant que les figures ne sont pas synchronisées, les motifs sonores s’entrechoquent dans une polyphonie chaotique. Mais peu à peu, si le joueur parvient à ajuster les rythmes et à harmoniser les cycles, les dissonances s’effacent, et la musique se réorganise — réapparaît — dans un moment de clarté fragile.
Isochrone est une métaphore du temps partagé, de l’accord nécessaire entre gestes et écoutes, entre logiques individuelles et structures collectives.
C’est un jeu musical d’horlogerie sensible, une tentative d’accorder le chaos par la patience et l’attention. Une méditation interactive sur le désalignement, la répétition, et la quête toujours inachevée d’un tempo commun.